Fight For Liberty

L'entretien:

 

I-Questions sur la journaliste:

Flora,Fatimata, Lucie: Quelles études avez-vous faites?

Marie Boeton: J'ai fait Sciences Po, une licence de philosophie à la Sorbonne et un an de philosophie à Chicago.

 

FFL: Dans quelle secteur travaillez-vous?

MB: Je suis une journaliste spécialisée dans les services publics.

 

FFL: Depuis combien de temps êtes-vous journaliste?

MB: Je suis journaliste depuis 2003.

 

FFL: Depuis combien de temps travaillez-vous à La Croix?

MB: Depuis 2008. Avant je travaillais pour différents journaux en temps que pigiste.

 

FFL: Où habitez-vous? (Cette question était pertinente uniquement si son lieu de résidence était parmi les lieux frappés par les attentats ce qui s'est avéré être le cas.)

MB: J'habite dans le 13 ème arrondissement de Paris. J'ai donc pu remarquer des changements dans le quartier à la suite des attaques terroristes. La préfecture de police avait conseillé de rester chez soi autant que possible mais je désirais aller travailler. Ce jour-là il n'y avait personne dans les rues.

 

II- Questions sur le journal La Croix:

FFL: Parlez-vous au nom de vos convictions personelles ou au nom de celles de votre journal?

MB: Cela dépendra des questions. (Finalemment elle aura plutôt parlé au nom des siennes.)

 

FFL: Quelle est la ligne éditoriale de votre journal?

MB: Ce journal est centristre et de droite. Nous sommes assez lucides sur la menace actuelle mais égalemment très férrus de liberté individuelle.

 

FFL: Est-ce que la religion influence le contenu des articles du journal ?

MB: Non, les journalistes que je connais ne sont pas sous l'influence de la religion en ce qui concerne les articles, sauf pour le service religieux. Il y a tout de même une certaine sensibilité à l'égard de la religion dans le journal.

 

III- Questions sur les attaques terroristes:

FFL: Pouvez-vous nous décrire le climat qui régnait au sein de la rédaction après les attaques terroristes de Charlie Hebdo?

MB: Nous n'avons pas tout de suite compris ce qu'il se passait malgrè les premiers tweets qui avaient été postés par les journalistes. Il y avait un moment de sidération qui s'est plus ou moins dissipé avec le discours de Francois Hollande à 13 h 00. Nous avons pris conscience de l'attaque lorsqu'il y a eu la recherche des terroristes et à cause de l'organisation de la manifestation du Dimanche, et de l'arrivée des chefs d'Etat.

 

FFL: Pouvez-vous nous dire où vous étiez à ce moment-là, lors des attaques à Charlie Hebdo?

MB: J'étais au journal en train de travailler.

 

FFL: Pouvez-vous nous faire une comparaison entre le climat qui régnait après les attaques terroristes de Charlie Hebdo et celles du 13 Novembre ?

MB: Nous avons tout de suite compris ce qui se passait le 13 Novembre contrairement à Charlie Hebdo.

 

FFL: Pouvez-vous comparer le renforcement des mesures suite à Charlie Hebdo et suite au 13 Novembre?

MB: Suite à Charlie Hebdo, il y avait des policiers à l'entrée de Lacroix, même s'il était moins visé que d'autres journaux comme l'Humanité (bien que Lacroix soit dirigé par les Assomptionnistes, ce qui pourrait s'avérer être dangereux dans ce climat de guerre de religion.)

Elle nous a ensuite exposé son point de vue en soulignant que les policiers devenaient des cibles faciles car leurs gilets par balle étaient loin d'être efficaces et parce qu'ils ne faisaient pas le poids face aux terroristes du fait qu'ils n'ont pas d'armes de guerre comme les terroristes. Selon elle leur seul interêt était que, si une attaque survenait, ils pourraient surement ralentir la montée à l'étage des terroristes. Elle nous a ensuite dit que, suite au 13 novembre, le journale n'etait plus du tout protégé contrairement à Libération et à Charlie Hebdo dont les locaux sont dans un lieu secret.

 

FFL: Avez-vous récemment remarqué l'évolution de la surveillance en France?

MB: Oui, notamment la présence de l'armée, de militaires qui sont d'ailleurs intervenus lors de l'attaque de Saint-Denis. Il y a égalemment plus d'hommes armés dans le métro et on est plus surveillé à notre insu Bien qu'à titre personnel je ne me sente pas plus surveillée.

 

IV- Reprise d'une partie des questions du sondage:

FFL: Vous considérez-vous particulièrement menacée vis-à-vis de votre liberté individuelle et d'expression ?

MB: Non, mais je ne suis pas une journaliste satirique, qui sont eux clairement manacés.

 

FFL: Etes-vous favorable à la surveillance de masse pour prévenir tous risques terroristes?

MB: Je pense qu'il faut renforcer la surveillance mais pas à n'importe quel prix. Il y a des limites à ne pas entraver comme l'atteinte à la liberté individuelle ainsi que le droit individuel d'autrui. Il ne doit pas être condamné s'il n'a commis aucune faute. Ce qui serait légitime en revanche serait de surveiller davantage les personnes suspectes sans les désavantager pour autant (les personnes assignées à résidence perdent leur travail). Je pense qu'on est en train de sauter le pas de quelque chose de préoccupant car cela est plus facile d'arrêter directement quelqu'un que de le surveiller à la longue (ce qui est coûteux économiquement mais aussi matérielement car on a besoin d'hommes). 

 

FFL: Estimez-vous être suffisament informée sur les moyens et la manière dont la surveillance s'opère en France ?

MB: Oui et tout le monde l'est sans vraiment s'y intéresser car ils font confiance au gouvernement pour s'occuper de cela (elle a notamment pu le constater chez ses proches), et ne font pas l'effort de se renseigner à cause des nombreux termes techniques liés à cela.

 

FFL: Croyez-vous que cette surveillance dans le cadre de la lutte antiterroriste pourrait se généraliser à toute la population?

MB: D'après moi c'est déjà le cas grâce à deux choses en particulier:

       -Les algorythmes en ligne: ils permettent de surveiller les gens dont le comportement en ligne         paraît "anormal". On les appelle égalemment les boites noires. (On cherche à discerner des comportements suspects)

       -Le Passenger Name Record (registre des noms des passagers): Il s'agit d'un projet de fichier              qui recense l'identité de tous les passagers circulant dans l'espace européen (qui en entrent et          qui en sortent). Il faut remplir un certain nombre d'itèmes qui indiquent où on est allé, pourquoi,          pour combien de temps, quel poids font nos valises...

Elle nous a ensuite fait part d'une petite anecdote personnelle en nous racontant qu'elle avait été convoquée pour un entretien par les autorités américaine d'un aéroport au Etaits-Unis (où elle a vécu durant 3 ans). La raison de cette convocation était ses choix alimentaires durant ses nombreux voyages. En effet, elle se plaisait à varier son choix par rapport aux plats qu'elle prenait dans l'avion, parfois halal, parfois cacher etc, ce qui a interpellé les autorités.

 

FFL: Etes-vous pour la prolongation de l'Etat d'urgence?

MB: Je suis contre car nous disposons de beaucoup de mesures pour prévenir les risques terroristes. Cela n'est pas tellement dérangeant de la prolonger pendant 3 mois supplémentaires cependant je crains que cela soit un piège politique pour les futurs politiciens à venir (notamment le président). Il serait en effet dur pour eux de retirer cet Etat d'urgence étant donné les lourdes conséquences que cela aurait sur eux s'il arrivait quelque chose après ce retrait.